L’idée de ce site de partage d’histoire était en route quand j’ai reçu ce mail de Bernard Récup » Le DERNIER train (pour Madagascar) » : Juste pour vous prévenir que finalement à 53 ans Nour a fait ses valises et a bien pris son train à gare du Midi (sans oublier ses parapluies). Si vous passez par là… (« petite cérémonie ») ce lundi 19 à 15h30 place Horta à la gare du Midi. Venez lui souhaiter un dernier bon voyage.


Le mail était accompagné de ces deux images. Et c’est ainsi que je découvre à la fois le prénom de celle que je croisais souvent, assise derrière la gare du midi, à coté de son amas de sacs et d’affaires; et que j’apprends sa disparition. Même si le mail n’était pas clair, Bernard m’a confirmé son décès.
Elle était très souriante quand on se croisait, je ne l’ai jamais vu se lever. J’ai vu par une fois au moins toutes ses affaires se faire embarquer et elle était revenue s’y asseoir, exactement à la même place. Et les sacs étaient aussi revenus, peu à peu, lui tenir compagnie. Des bâches et des parapluies pour les protéger. Je me suis toujours dit qu’elle devait sûrement garder les affaires d’autres. Mais à part avoir voulu lui offrir une pomme, je n’ai rien à raconter. Les marodeur.euse.s du quartier du midi la connaissait, c’est via elleux que l’info de son décès nous est arrivée. Je l’ai transmis aux ami.e.s de Radio Campus en leur demandant de dire un mot sur cette « squatteuse de la gare du midi ». Faisant ainsi échos à la soirée « squat » au cinéma nova quelques jours plutôt, où le terme squatteur.euse.s avait été questionné et donné autant aux personnes sans abris dormant à gare du midi, qu’aux squats d’habitants (légal ou non).
L’un des films projetés était Harraga de Oualid Anbri qui racontait être arrivé du Maroc la première fois par la gare du midi, d’avoir vu ces personnes dormant là et avoir voulu réaliser un film avec eux. Un film où ils pourraient parler de leurs histoires. De leurs voyages. De leurs traversés. Beaucoup de langues s’y mélangent et on ne filme qu’une carte où chacun y trace son chemin de manière désordonnée et cahotante, comme l’ont été leurs routes. Filmé sur place avec un processus simple, c’est surtout les voix qui nous guident, malgré l’imbroglio de mots, on les écoute et on imagine à peine leurs voyages.
Au revoir Nour.
Niko