quelques histoires…


Le livre des Schlags

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Je suis puni. Mon rdv de 10h s’annule et mon gsm non smart prends un coup de froid et se vide instantanément de sa batterie et donc impossible de contacter l’autre pote pour voir si on allait arriver à se capter. retour maison. matinée perdue. punition. mais j’avais quand même pris le Livre des Schlags dans mon sac. jusqu’à là, j’avais plutot envie de marcher dans ce froid de novembre, sentir la ville refroidir mes cheveux gras, mais bon là, quitte à rentrer, autant se refroidir les mains, un petit peu, en lisant ce livre acheté récemment à Tony Gerrano. D’ailleurs ce jour là, il avait quasi joué que pour moi vu la grosse drache qui s’était abattue sur cette soirée de mai. mais braver la pluie en valait carrément la chandelle vu le line-up! et la découverte grandiose de Tony.

Alors que l’amitié commençait déjà à dégouliner avec Tony, je vois le livre des Schlags et j’ai à la fois envie de le lire, et peur d’être complétement déçu, parce qu’avec un titre comme ça, faut assurer. Et Tony a été assez impliqué dans ce livre. Mais en même temps, il me dit que c’est l’un des derniers exemplaires (tirage de 1000 il me semble) et que ça date d’avant le covid. et puis surtout, je suis le secrétaire à temps partiel sauf le jeudi, de la fédération schlagonie bruxelles, avec un goût prononcé pour les archives, donc ai-je vraiment le choix?

On est en novembre 2024 et j’ouvre donc enfin ce livre édité en mai 2018. drôle de coïncidence, il faut que je vérifie un truc en rentrant. parce qu’il me semble que c’est aussi en 2018 qu’on crée la Fédération Schlagonie Bruxelles entre ultravnr x jean guichon éditeur x vincent wagnair, pour faire front à la bêtise de gens trop stylé. au lieu d’entrer en conflit direct avec elleux, on créé la fédé et surtout, ce même soir les choses s’accélèrent et il s’impose à nous que le coeur de la fédé est un bar. d’ailleurs Antoine Erre a déjà des pistes de cocktails qu’il n’a pas testé, qu’ensemble on peaufine (sans gouter) et dont les recettes finales vont être écrites ce soir là. toute la fédération présente est déjà convaincue de sa buvabilité délicieuse. entre L’indécis (moitié maes, moitié jupiler) et le peter pan (shooter de rhum-nesquick), wagnair sort le gainsbourg (shoot moitié de pastis, moitié de gin) qu’il a déjà testé et approuvé de coté français (vers Nantes je crois, faudra lui redemander l’histoire). Quoi qu’il en soit, 5-6 recettes sont créent, le jour même une magnifique pancarte avec ces recettes est dessinée (et sera perdus par la suite -drama fédérationnel jusqu’à aujourd’hui- puisque des recettes ont été perdues, dont une avec de la gueuze et de la peche-melbush)) Ainsi que le portrait de la reine qui, de ses yeux lazer nous inondera à chaque évènement, sa grâce. Surtout lumière éteinte et le stromboscope un fond sur un gros système son qui avait été ramené. La fédération laisse des traces visuelles et auditive, et moi j’ai complétement perdu le film

Mais refermons cette petite blessure, je viens de retrouver l’archive du site et en faite, c’était en 2017. Le site de la RTBF avait même fait un article (pour inviter le public dans un semi squat/occupation précaire…) mais du coup, ça coïncide bien avec le fait que finalement, entre bordeaux (d’où vient le livre des schalgs) et bruxelles, en 2017, il y avait des mots dans l’air. Après quand tu retraces la piste du mots schalg et de sa popularisation, il y a quand même cette série documentaire d’arte radio de 2014 Crackopolis qui avait bien ancré le mot malgré tout. Pour celleux qui l’aurait écouté à l’époque. D’ailleurs le terme fédération schlagonie bruxelles, quand j’en ai parlé aux potes pédé-punk plus agés, on m’a tout de suite dit que les punk des années 80 l’utilisaient déjà. (je viens de lui redemandé, il n’a aucun souvenir de m’avoir dit ça…)

Mais alors « Le Livre des Schlags » et bien c’est un mélange de photo, de différents papiers et de poésie en prose, sans contraintes. une attention particulière au rythme des pages dans un seul et même texte. Et autant les photos lancent plutot bien le livre, que les premiers textes n’ont pas eu d’impact sur moi. des textes qui s’appellent Bx et Bx III (mais ça parle peut être de la voiture et pas de bruxelles) puis vers la page 40, enfin un texte plus en prose, moins arty-poésie, qui me prends enfin.

En faite le livre est toujours dispo sur leur bandcamp de label scolopendre, et est toujours a 10e les 222pages, donc ça reste un livre okay. et voila ce qu’ils en disent:

222 pages
10€

« Il n’y a que des gens vraiment très paresseux pour pouvoir accomplir autant de choses en aussi peu de temps. » Steinbeck

Qui sont les schlags ?
Voilà peut-être cinq ans que l’usage de ce terme s’est répandu. Ce sont ceux qu’en un autre temps, on aurait désigné comme laissés-pour-compte.
Or, il ne s’agit pas là de les qualifier. Dans les lignes du présent ouvrage, les auteurs – anonymes et multiples – ne prétendent pas les étudier, ni même s’en distinguer.
Le processus de gentrification des villes, à l’œuvre aujourd’hui, en gomme les aspérités. Elles finissent par toutes se ressembler. Des êtres disparates, des gestes inutiles et forts, qui n’ont aucune valeur marchande, se font de plus en plus rares.
Les récits de ce livre accueillent des rencontres avec des femmes et des hommes hirsutes, des expériences urbaines, des lieux interlopes, des folies quotidiennes, des dérives.
C’est à ces présences, ces manières d’habiter la ville, de traîner, que les auteurs sont attachés. Auteurs, qu’on pourrait saluer comme les rejetons hérétiques de Bolaño, Cossery, Michaux.
En plus des textes, le livre comporte un cahier de 23 photos noir et blanc et de nombreuses illustrations originales.

potentiellement pas/peu arrivé à bruxelles. par contre, faire revenir Tony Geranno, ça, ça devrait arriver et donc plutot guetter ça. mais sinon, si vous êtes curieux·ses ce livre fera partie de la bibliothèque Georges Gromo pour pouvoir y jeter un coup d’oeil, bibliothèque autonome qui devrait ouvrir mensuellement dès novembre. suivez le feu pour cela.

Très vite s’était posé la question de la réappropriation culturelle du terme schlag, que la culture hipster utilise sans soucis désormais. C’est d’ailleurs la dessus que la 3eme chronique de Stich dans l’émission Chronique Mutante se terminait (mais je n’ai retrouvé que la première) mais dont j’avais déjà réécrit la fin de chroniques avec Emile Zulu :

« moi en tant que linguiste (bourré) j’ai pas trop envie d’alourdir le début sur l’histoire du schlag mais qui est souvent un anathème, qui est est un terme utilisé par les non schalg pour définir des gens qu’ils méprisent, et donc ce qui est intéressant dans cette entreprise, c’est la réappropriation de la schlagitude, c’est de se dire en faite, les schalg c’est nous. je suis le schlag. c’est ça qui est intéressant, c ‘est de retourner ce concept qui est en général un peu jeté comme un anathème, comme par exemple des mots comme bobo etc.. qui sont en général toujours utilisés pour désigner les autres, dans une sorte d’altérité et que ce terme soit un peu utilisé pour se désigner soi même, c’est, je pense, ça la grande révolution sémantique de la fédération. » (mars 2021).

dur de mieux finir du coup!

Niko

COUCOU