


Habiter chez des gens, c’est suivre des règles. Celles qu’ils nous ont transmises et celles que l’on devine, celles que l’on imagine exister. Déjà à la maison familiale, il y a les règles énoncées et non énoncées, et il y a celles qui changent, qui varient. Celles qui changent tout en étant dans la même maison et il y a celles qui continuent de maison en maison. Et enfin, il y a celles que l’on érige, qui sont fruits de nos expériences, de nos réflexions. Il y a aussi ce qu’on fait, sans vraiment de raison, qui forme des sortes de règles, mais qui pourrait très bien changer. Ça, ce sont des habitudes.

Peut-être que finalement, les règles sont là pour créer et imposer des habitudes. En gardant une maison d’ami.e.s à la campagne, une belle petite cabane où vivent poissons et poules, il y a la toilette qui est dans la petite salle de bain avec baignoire. Les deux étant très proches, on bouche la baignoire même pour une douche et il y a un seau vide entre la toilette et la baignoire, pour pouvoir remplir le seau dans la baignoire et le vider dans la toilette et éviter de tirer la chasse. C’est d’un rudimentaire génial si simple que je m’étonne de le découvrir qu’en 2024. Pourquoi ne le faisons pas plus souvent, par simple logique de réutilisation? J’ai souvent entendu la remarque de l’eau propre pour tirer la chasse. Une habitude d’utilisation? Et quel volume d’eau à chaque fois? Et le total? À la fois économie simple, propre, rapide, et qui a tout son sens dans notre siècle de fin du monde climatique. Arrêter le gaspillage.
Vous me direz, souvent, toilettes et baignoire ne sont pas à côté. Certes. Mais souvent ce n’est pas loin non? Mais faire 5 pas pour aller remplir un seau et le jeter, est-ce en dehors de nos possibilités? Ou simplement une habitude qu’on n’a jamais eue, ou vue, ou pas envie de prendre? Et allons plus loin, pourquoi les constructeurs de maisons ne proposeraient pas, lorsqu’il y a douche et/ou baignoire, d’installer un récupérateur d’eau qu’on utiliserait pour les toilettes? Y a-t-il vraiment quelque chose de contre-indiqué? Je demanderai aux ami.e.s plombiers et plombières. Et allons encore plus loin, il pourrait y avoir dans sa douche, un choix de la sortie d’évacuation, si jamais on rentre très sale et qu’on veut envoyer directement à l’égout, ou qu’on prend une douche d’été pour faire passer la transpiration, on le met dans la récup. Et là, je pense aux hôtels de vacances, toutes les constructions en étages imposants, c’est juste une logique architecturale à trouver pour avoir ces récupérateurs d’eau « usagée » (le mot me paraît vraiment trop fort).
De telles propositions auraient pourtant le vent en poupe actuellement. Mais le proposer montrerait peut-être à quel point on est attaché à des idées de confort et d’hygiène assez fortes et que la fin du monde climatique, on l’a bien vu et entendu, mais qu’on s’y met pas vraiment. Beaucoup plus de nos règles auraient dû évoluer depuis longtemps… Et alors que je parlais d’hôtels de vacances, je pensais aux squats ou leur version légale : les occupations temporaires. Toutes ou en tout cas énormément de ces initiatives se revendiquent d’une conscientisation climatique et écologique, et ce devrait être dans ces lieux-là qu’on essaie et imagine des solutions, à petite échelle, qu’on ouvre les brèches d’idées, qu’on expérimente. Alors on le fait, mais j’ai jamais vu de baignoire remplie. est-ce si compliqué? où sont les règles contraires? Que reproduit-on? L’idée même du do it yourself est peut-être aussi de faire de nouvelles règles, de les faire soi-même. Mais il faut le vouloir. Il faut vouloir que dans des concerts punk on interdise de fumer, car c’est à la fois un poison pour nous et notre air, mais aussi que ça soutienne un système capitaliste industriel tout ce qu’il y a de plus classique. Je ne crois pas que je divulgue un secret bien caché pourtant. Mais c’est des décisions collectives à prendre.
D’ailleurs, la cheffe de la maison de campagne a été longtemps à la Ferme du Biéreau, lieu culturel et d’habitat collectif. Ce n’est pas un hasard du tout. Une suite logique j’ai envie de penser. Et puis au final suivre des règles, quand on arrive dans n’importe quel lieu, squat, occupation ou maison d’ami.e.s, c’est simplement appliquer un principe de réciprocité : fait aux autres ce que tu aimerais qu’on te fasse. Ou plus précisément : fait chez les autres, ce que tu aimerais qu’on fasse chez toi.
Niko
