quelques histoires…


DJ MOMO

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… j’étais pourtant chaud pour cette petite crasse maison afin de peaufiner cette belle journée, mais raté. C’était vraiment pas bon. Au début, ça m’a rappelé des souvenirs d’étudiant fauché, puis après la moitié, eurk, c’était vraiment trop. J’avais chopé du bête gouda pour faire fondre sur du gros pain deluxe de récup, genre vieux film français (Audiard ou De Funès). Énorme tartine mais le coup de mayo-ketchup en plus pour assaisonner, eurk eurk.

C’est donc plus calmement, en digestion non extatique, que je vais vous conter la découverte de DJ MOMO à la fin d’une journée passée à NGHE à trier des K7. Là, je suis en train de les numériser, donc j’ai le temps de vous raconter. Ça a démarré samedi aprem, après la mini tournée de départ de l’invasion porcina de Marthès Bathori, on est passé au 72 Records, où l’expo est vraiment extra, et on a discuté rapidement cassettes puisqu’il en vendait. Et il me parlait qu’il vendait pas mal de vieux trucs, de vieux groupes de rock ou quoi, parce que les rééditions des majors sont méga chères (genre entre 30€ et 50€) et que finalement, des personnes étaient ravies d’avoir des cassettes à 5-10€, K7 d’époque, de ces vieux groupes. J’en parlais à Alex et on s’est dit qu’à NGHE on a potentiellement plein de ces vieilles cassettes dont on ne fera jamais rien. RDV mardi-aujourd’hui.
Il arrive avec d’emblée du lourd de chez lui, BAD de Michael Jackson, où en dehors du tube, y’a rien de bon ainsi que deux Lou Reed en état nickel ! Moi, je trouve une Bob Dylan, un AC/DC live, et puis là, on va sortir 5-6 gros sacs de vrac à trier, et au bout d’une heure, on se dit qu’en fait, on ne trouve pas grand-chose comme vraies cassettes. Tous les Beatles/Pink Floyd, on a déjà tout jeté et/ou dépouillé (cassette et pochette séparées et boîtier gardé pour d’autres choses). Mais on se dit que ce sera quand même l’occasion de trier un peu tout ça. On trouve une Metallica live à Woodstock 94. Trop chelou mais parfait. Un pur bootleg pirate. Une Iron Maiden, un peu de chansons françaises. Certaines écrites « Rien que du Jazz – Interdit à la vente », excellente tournure de phrase! Et on se dit qu’on prend plus large et on verra ce qu’il veut. Genre des cassettes de Raymond Devos, et puis il y a quelques Jacques Brel (classic shit). Et après, tous les chanteurs de variété qu’on ne connaît pas, on ne garde pas, et des Julio Iglesias, Eros Ramazzotti, ça ciao ! Du coup, on se met à appeler cette pile l’enfer : les trucs que t’as pas du tout envie d’écouter. L’enfer quoi. Et on y met toute la musique classique. Par dizaine qu’on en a. C’est souvent ce qu’on récupère. Personne n’en veut. Y’a l’enfer avec boîtier et l’enfer sans boîtier. Je pense qu’on en a sorti au final, genre 150 avec boîte et 200 sans boîte. Sont comprises dedans les Beatles/Pink Floyd (sans boitier), succès d’accordéon, les plus belles chansons des années 60, les compil de jazz, etc., en gros toutes les cassettes commerciales produites à grande échelle dont on ne peut pas deviner leur longueur, donc difficilement réutilisables dans l’absolu.


Et puis on trie tout le reste et on garde toutes les cassettes écrites 60 ou 90 minutes, sur lesquelles on a des trucs écrits du genre groupe de rock (The Smiths) ou chanteur français (Michèle Torr, Brassens, Ferrat, Renaud, Anne Sylvestre, Barbara, …) aucun intérêt de les garder. Ce sont des copies de trucs déjà existants. Y en a plein où y a juste marqué Vieux Machins. Est-ce qu’il y avait plein de gens qui appelaient leurs cassettes vieux machins, vieux succès, ou bien est-on face à une collection d’une même personne qui appelle toutes ses cassettes Vieux Machins ??? Pas assez d’indices, on abandonne l’enquête balbutiante. Par contre, toutes celles sans infos, on se les écoute, histoire de voir ce qu’il y a dessus. Souvent c’est de la musique classique (ENCORE !!!) ou rock/pop rock (Queen, ou blues genre Chuck Berry, double classic shit). Et puis y’a toutes les autres, ce sont celles-là où t’as des surprises : des reprises ERA un peu dance/électro, ou des émissions de radio. Des petites délices avec des personnes qui parlent (conférences, messagerie téléphonique) ou des trucs très très bizarre, de chant guttural polyphonique, aucunes infos, à part que le reste de la tape n’a rien à voir. C’était juste écrit au Tippex dessus: 599. On numérise ces chants gutturaux en mangeant, et on met la cassette dans celles à réutiliser. On a gardé sa substance.

D’ailleurs à propos de répondeur téléphonique, on en a trouvé une avec une espèce de synthé avec une fréquence qui n’en finit jamais de monter monter. Et c’est pour vous dire que si vous avez encore des vieux téléphones avec des répondeurs à cassette, ça on est chauds chauds de les récupérer. Les cassettes. Comme drôle de trouvaille, y’avait aussi ces deux cassettes éditées par Shell, le pétrole. Une dance 199quelquechose et Classic Espagna. Belles cassettes jaunes, impressions noires. Styllax.


Erika la voisine vient manger avec nous et nous apprend que les quelques petits sacs qui traînaient là et qu’on n’avait pas touchés, appartenaient au frère d’une personne qui vient nous déposer ces petits sacs de temps en temps. Cette personne c’est Thierry, que je connais de nom puisque c’est lui qui gère l’émission « comme sur des roulettes » de Radio Campus. Et ce qu’il y a de génial sur les cassettes de son frère, c’est que tout est inscrit et surtout, qu’il a fait pour un bon tiers d’entre elles, des pochettes qui ont pas mal de gueule. Et la plupart c’est un album par face (pro le mec). Et souvent un artiste par face (efficace le mec). Et on ne connaît même pas 10% de ces artistes là. On suspecte des copies depuis l’ancienne médiathèque, le Passage 44, précurseurs du Point Culture, parce que y’a vraiment vraiment beaucoup et on ne connaît rien du tout, même jamais entendu parler de ces groupes. Et les quelques trucs qu’on connaît nous intéressent qu’à moitié comme King Crimson. Qu’est-ce qu’on ferait avec ça. On va alors se dire 2 trucs, c’est qu’on va garder toutes celles avec des pochettes, parce qu’en plus d’être belles, c’est qu’il y a mis un soin particulier donc ça peut avoir un sens, et puis on en garde certaines, qu’on connaît vaguement, qu’on pourrait utiliser pour un futur atelier « Fais ta pochette ». On garde tous les Sun Ra (une dizaine) qu’on trouve et quelques autres. Ça fait un tri. En plus, c’est que des 90 min, donc parfait pour ré-enregistrer dessus.


Pendant tout ce tri, y’a Aurore, Mohammed Ali et leurs jumeaux qui passent coller des affiches pour leur soirée de soutien au Soudan (la 2ème), qui est dans 10 jours à illegaal. Tout le monde à la forme d’autant que c’est bientôt l’anniverssaire des jumeaux mais que surtout, et enfin, Mohammed Ali a ses papiers ! 4 ans qu’il a fait la demande !


Mais il est déjà 17h et quelques, faut quand même qu’on aille voir le disquaire du 72 pour voir ce qu’il veut. On lui en amène une quarantaine, il est au comptoir, pas trop de monde, c’est parfait. On lui dit de vraiment faire son choix sans stress, on a pris large, et qu’on est chaud de lui vendre 1 ou 2 euros la cassette puisqu’il vend à 5 ou 10 euros. C’est complètement dans notre esprit. Et là on se rend compte qu’il y en a plein qu’il kiffe. Des trucs de jazz un peu connus, comme tous les trucs rock ou B.O de film. Ce qui fait qu’il nous en prend une bonne trentaine, on est ravi, ça nous fera 50€ de cash. Il n’a pas la place de tout montrer mais en plus ça lui permettra de changer de temps à autre. Et on se dit qu’on serait bien curieux de savoir qui va les lui acheter ! On repart avec à peine une dizaine de chansons françaises. Qui vont finir dans le sac de l’enfer.

En rentrant, je me rends compte que j’ai même oublié de lui proposer la nouvelle cassette que je duplique actuellement. Sortie officiellement début avril, mais dont tous les exemplaires ont été envoyés en Espagne à DJ Macarron, j’en refais une quinzaine pour les Fatigue Suspecte, et enfin, je vais pouvoir montrer/vendre/faire écouter DAVID GUETTA. qui fait suite à DONNA SUMMER. Des cassettes split. Un artiste par face, comme le frère de Thierry !


On est donc de retour et on commence à terminer les sacs et à re-ranger tout. Et puis là on tombe sur une magnifique cassette de Sardou 89, avec une plume d’oiseau bleu-blanc-rouge. Ça c’est enfer, mais en même temps, il symbolise bien ce qu’on ne veut pas garder, mais montrer que ça a existé, c’est quelque chose. L’enfer des bibliothèques c’est les livres érotico-porno-violent-extrême que les moines (puis les bibliothécaires) gardaient caché dans la bibliothèque, cette pièce c’était l’enfer, et toutes les bibliothèques en avaient. Et là on se rappelle aussi qu’on avait trouvé une cassette, sans pochette malheureusement, de « Inni Fascisti » qui en italien veut dire « hymnes/chants fascistes » et qu’eux on les mettra plutôt en prison. Je refouille tout l’enfer pour la retrouver et la mettre avec Sardou, ensemble dans une cachette/prison de NGHE. Une de nos blagues qu’on va oublier jusqu’à ce qu’on retombe dessus…


Et on arrive en fin de journée, on a ouvert plein de sacs différents, tout est un peu mélangé, mais là on est sur un lot du frère de Thierry (ce qui n’était pas le cas pour la Sardou), et surtout sur 2 qui s’appellent DJ MOMO. En pensant à des trucs dance/house années 90 comme on en a eu quelques-unes, et bah on est carrément surpris. Et la première remarque d’Alex est de dire « les Fenêtre Ovale adoreraient ! » sous-entendu que ça pourrait être quelque chose qu’on écoute à leurs soirées et que surtout, Alex adorerait entendre cette cassette spatialisée sur un acousmonium. C’est un mélange de pleins de trucs qui s’étirent ou qui tournent avec plein de sons ultra accidentés en même temps. Et qui tiennent la route ! Et la 2e cassette confirme la même chose. Super surprise, on est ravi. Et on se dit que potentiellement, DJ MOMO c’est le frère de Thierry ! La journée de tri de ces 600/700 cassettes est finie et qu’il serait temps de rentrer… et de numériser les DJ MOMO pour les Nghieux et surtout les écouter en entier et voir si on a eu raison ou est-ce qu’on s’est trompé.

Niko
(avec relecture/corrections/ajouts d’Alexis)
(edit : Le frère de Thierry ferait de la radio aux états-unis depuis des (dizaine?) d’années)